jeudi 23 août 2007, par Pierre Mercier
Cette série, les statues du mineur, a été réalisée dans le cadre d’une commande pour le Centre d’Action Culturelle de Douai qui développait en 1981 un projet d’étude intitulé "Mythes et identités culturelles dans le bassin houiller Nord-Pas-de-Calais.
À ce stade de mon travail, je ne me voulais plus photographe, mais sculpteur. Pour préparer ma première exposition, j’avais été pour la première fois dans un musée : celui des beaux arts et de la dentelle à Calais. À la fin de la rencontre avec le conservateur qui m’avait demandé de venir lui présenter mon travail dont il avait vu la publication dans ZOOM, il m’a fait visiter le Musée, et m’a montré dans la salle de sculpture les travaux préparatoires de Rodin pour les Bourgeois de Calais. Choc ! Merci à Rodin et à Dominique Viéville (aujourd’hui conservateur du Musée Rodin à Paris). Ce qui, chez Walker Evans, m’avait autorisé à faire des photographies se redoublait pour moi chez Rodin. Je voulais être sculpteur ! Le titre joue cela tout en renvoyant à la dimension politique du "Statut du mineur".
Ce travail montre les possibles rapprochements entre sculpture (celle qui se pratique au moment de l’apparition de la photographie, c’est à dire celle qui correspond aux pratiques du modelage, du moulage, du tirage, de l’agrandissement) et photographie, de facto une grande partie de la sculpture XIXe comme je le découvris plus tard. Dans le même temps, ce nouveau travail entrait en résonance avec celui d’artistes pratiquant la performance, que ce soient Gilbert & George (The singing sculpture 1973) ou Dieter Appelt que je découvris en montrant cette nouvelle série à la Galerie 666 à Paris, grâce aux bons soins de François Sagnes qui, lui aussi habitait Cambrai, comme moi, à cette époque. Quelques temps plus tard, le CAC de Douai fit l’édition d’un petit catalogue.
voir portfolio bas de page
Orion est une des nombreuses images que j’ai réalisées en plein air, et retravaillées au tirage. Poursuite des relations possibles entre sculpture et photographie et des capacités du tirage à s’éloigner du négatif en jouant des possibilités de modelage par la lumière, l’anamorphose, la chimie.
Au modèle j’ai demandé qu’il reproduise, à la verticale, les postures de son sommeil, qu’il sente les points d’un plan et essaye de re-produire cet état de fait.
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Pierre Mercier, 1983, Épreuve de lecture, 93x90, Coll.FRAC Acquitaine
Ce travail est une commande de la BPI du Centre Georges Pompidou et clos la série des sculptures photographiques noir&blanc. Ici, c’est le geste du sculpteur qui est montré, faisant tourner son modèle devant lui, et non pas celui du spectateur tournant autour de la sculpture.
Lire en ligne un texte de Daniel Soutif
Of course, il y a d’autres voies pour parler de ces rapports entre sculpture et photographie,
c’est toute une histoire et une affaire à suivre ? ...
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Pierre Mercier, 1983, Le grain de sel Coll.Privée
Ce Polaroïd, (ici recadré de pour le carton d’invitation de mon expo au MNAM en 84 pour lequel il a servi), a été réalisée en photographiant un tirage noir et blanc retouché à la gouache. C’est donc bien un instantané, fidèle représentation de la réalité !
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Piéta , est l’œuvre voulue au départ, très sculpturale et très religieuse, fortement référencée. La prise de vue a été réalisée avant que le Diable ne vienne mettre son "grain de sel". Il m’a bien piégé le Diable qui m’a fait réaliser une photo instantanée !
Coll.Privée et Coll.MNAM Centre Georges Pompidou
Ayant appris que le "ressenti" était un terme désignant la qualité du modelé d’une sculpture et usant du langage commun qui dit que c’est avec la lumière que le photographe modèle son sujet, j’ai pris soin de faire en sorte que tous les tirages de cette série soient remodelés par anamorphoses sous l’agrandisseur et soient exécutés dans des formats légèrement différents. De ce fait chaque tirage est unique. Comme pour la sculpture ils sont néanmoins limités à 8 exemplaires pour chacun des "mineurs" et deux épreuves d’artiste.
[> Découverte du 15-09-09 : Photosculpture et études photographiques
C’est un peu comme des dessins, un travail fait sur le bureau, éclairé avec une "lampe d’architecte". De petites figurines réalisées en pâte à modeler. La lampe chauffe, elles font le mouvement de s’écrouler.
C’est vraiment nul en vrai, mais une fois photographiés, ces "objets" deviennent d’autres objets : des objets présentables.
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