PIERRE MERCIER
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0. les bourgeois de calais à Kinshasa

mardi 12 décembre 2006, par Pierre Mercier


Les Bourgeois de Calais à Kinshassa - mardi 12 décembre 2006 à 01h53 par Pierre Mercier

Rodin et Les Bourgeois de Calais à Kinshasa Un feuilleton raconté en 5, 6, ou 7 épisodes par Pierre Mercier.

Je considère Les Bourgeois de Calais d’Auguste Rodin comme le premier monument moderne qui a tenté de prendre en compte, durant sa conception, le lieu de son installation et le corps du spectateur comme faisant partie intégrante de l’œuvre. L’abondante correspondance entre les commanditaires, le maire de Calais et Rodin lui-même en témoigne largement. L’on sait que Rodin n’a pu aller au bout de ses audaces (poser les Bourgeois au sol sur la place du marché) ce qui n’empêche pas que l’on puisse considérer son œuvre comme fondant une rupture radicale avec la tradition de la sculpture et du monument après le second empire.

Dans le cadre des scénographies urbaines et des échanges entre l’école de Kinshasa et celle de Strasbourg, je me propose de raconter, ou plus exactement de conter un bout de l’histoire de la sculpture du XIXème siècle en France, de la formation des sculpteurs et de leurs relations avec l’Académie. Cette histoire est pour une large part concordante avec la période de la colonisation du Congo. En 1881, Stanley fonde Léopoldville (l’actuelle Kinshasa) tandis que Rodin est à Bruxelles pour décorer le palais de la Bourse tout en travaillant à L’age d’Airain. Mais des situations plus contemporaines me permettront de faire comprendre au public les relations entre un artiste et l’État ou les institutions dans lesquelles il est amené à travailler. Ce n’est cependant pas comme historien de l’art mais bien comme artiste que j’aborderai toutes ces questions. Je conçois mes cours, mes récits ou mes contes comme des performances qui s’effectueront, pour chaque épisode, dans des dispositifs différents imaginés et réalisés avec des étudiants de l’école d’art dans le cadre du workshop que nous devons y animer, Éléonore Hellio, Francisco Ruiz de Infante et moi-même, les artistes européens blancs de l’opération.

J’ai bien sûr imaginé un dispositif classique type salle de classe, mais aussi une retransmission en direct avec micro, haut-parleurs, et projection sur écran géant. (À la façon dont est retransmis un discours politique). J’ai imaginé réaliser une émission de radio, j’ai imaginé être assis comme un conteur sous un arbre à palabre, j’ai imaginé être dans un bar, ou dans le hall d’un hôtel, j’ai imaginé être dans un jardin, ou dans la rue … Mais je suis prévenu : rien de ce que j’imagine ne se trouvera facilement réalisable sur place. Je sais cependant que si je ne dispose d’aucun matériel de projection d’images je suis prêt à distribuer des photocopies ou des cartes postales, ou alors que je suis prêt à mimer ou faire représenter l’attitude de telle ou telle sculpture, prêt à demander à des modèles de représenter la scène des Bourgeois avec toutes les « traductions » que cela implique. C’est dire que tous les dispositifs de transmission d’un projet, d’une idée, d’une information, d’un savoir ou d’une mémoire « m’intéressent ». Mais, ces « choses » sont depuis plusieurs années maintenant au cœur de mon travail artistique et de mon travail d’enseignant qui, pour moi, sont une seule et même « chose ».


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