Centre d’art pour transmissions et récoltes ambulantes
dimanche 4 novembre 2007, par Pierre Mercier
Pierre Mercier & Francisco Ruiz de Infante
Lire un article et voir des images dans les archives du Laboratoire art en réseau
Intervention performative réalisée dans le cadre des scénographies urbaines qui se sont déroulées à Kinshasa (RDC) les 5,6,7 jan 07.
Le film est accessible en bas de cette page
Une voie ferrée abandonnée au milieu d’une rue de Lingwala rendait la circulation difficile, voire impossible. J’ai tout de suite eu envie de faire quelque-chose là. L’idée m’est venue de transformer un pousse pousse (très utilisé pour le transport des marchandises) en faisant en sorte qu’il puisse rouler sur les rails. J’avais en tête de transporter un "efe" c’est à dire un porteur. Un porteur qui porte des marchandises sur sa tête.
Ces porteurs, par la façon dont ils organisaient leur cargaison, me fascinaient et je les considérais comme de "magnifiques sculptures" se promenant au milieu des spectateurs, c’est à dire de la population et je me disais : dans ce contexte, qu’est-ce qu’un artiste peut bien porter, apporter, transporter ? Quelles marchandises de premières nécessités, quelles friandises ? Quelle action accomplir ? Ces réflexions étaient aussi soutenues par ce qui se passait avec les étudiants de l’Académie participant au workshop qui se déroulait dans le même temps. http://esad-stg.net/Les-Bourgeois-de-Calais-a
Francisco, dès son arrivée se proposa de travailler avec moi et donc de rajouter un pousse-pousse soudé au mien, mais qui irait dans l’autre sens, comme deux béliers s’affrontant, pour jouer ? Bien que je ne sois pas fan de cette sorte d’image pour penser, je sautai sur l’occasion comprenant que ces questions de transports et de "lutte" réactiveraient tout ce que nous avoins abordé lors de notre expo-dialogue du CEAAC à Strasbourg. Nous allions donc à nouveau transporter des informations, des images, des savoirs. On se mit à imaginer petit à petit un programme de diffusion, de rencontres et aussi de capture d’images qui s’effectuerait au gré des allers-retours que nous ferions tout au long des rails.
Nous étions programmés à la nuit tombée du 6 janvier et, pendant que je tirais l’"efe" debout sur le plateau, Francisco filmait à l’aide d’une caméra de vidéo surveillance perchée à 5m de haut, fixée à une barre métallique attachée au chariot. Une fois l’efe descendu nous avons installé un écran que nous avions préparé et transporté et avons diffusé le film à l’aide d’un vidéo projecteur. Nous avions embarqué à bord un petit groupe électrogène ! Francisco a également diffusé un film tourné le matin où l’on povait voir des fourmis transporter le cadavre d’une blatte. Nous avions pensé à d’autres actions, (nous devions surtout ramasser des ordures) mais, à la fois un peu débordés par le public et émerveillés par le côté festif de notre aventure, nous avons décidé de transporter des enfants ! Il n’a pas été simple de contrôler le flux des passagers ! Merci à tous nos anges gardiens.
Durant le temps de préparation du projet nous nous étions connectés avec Christophe Poba, un habitant de Lingwala qui fait exister une "mutuelle de salubrité" qui permet le ramassage d’ordures : la conception de sa mutuelle nous intéressait et, pour lui, c’est la conception de notre chariot qui l’intéressait. Il a été convenu que nous le lui donnerions au moment de notre départ. Nous restons en contact régulier avec lui et espérons pouvoir créer un réseau qui permettra de lui envoyer de l’aide tout en donnant une autre forme et une autre temporalité à nos actions.
Ce film rend sommairement compte du travail que nous avons réalisé pour les scénographies urbaines. Nous avons transformé deux poussepousses traditionnels pour les faire rouler sur les rails qui traversent le quartier de Lingwala le 6.01.07. Séverine Hubard a tourné les images que j’ai dérushées.